Qu’est-ce que le pétrodollar ?

Les pétrodollars ne sont rien d’autre que des dollars américains utilisés pour acheter du pétrole brut. Plus qu’une devise distincte, le terme « pétrodollar » renvoie plutôt à un système dans lequel les pays exportateurs de pétrole acceptent majoritairement d’être payés en dollars américains, engrangeant ainsi des pétrodollars.
Le dollar américain est la monnaie la plus puissante et la plus largement utilisée au monde. De ce fait, pour de nombreux pays exportateurs de pétrole, percevoir leurs paiements en dollars est très pratique.
Le terme « pétrodollar » a gagné en notoriété dans les années 1970, au moment où la crise pétrolière a provoqué une forte hausse des prix de l’or noir. À cette époque, la plupart des pays exportateurs de pétrole dépendaient de leurs pétrodollars pour financer leur budget. Du jour au lendemain, ils se sont retrouvés avec d’énormes excédents. Mais l’origine des pétrodollars remonte un peu plus loin.
Au début du XXᵉ siècle, la plupart des pays du monde utilisaient l’étalon-or : autrement dit, leurs monnaies étaient adossées à leurs réserves d’or. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis possédaient la majeure partie de l’offre mondiale de ce métal précieux.
Lors de la conférence de Bretton Woods en 1945, de nombreux pays ont accepté d’arrimer leur monnaie au dollar américain plutôt qu’à l’or, considéré comme volatil et instable. Cette même année, le pétrodollar est né lorsqu’un accord a été conclu entre l’Arabie saoudite et les États-Unis : en échange d’une aide militaire et d’une assistance commerciale, le royaume s’est engagé à n’accepter que des dollars en paiement de son pétrole. Même si le système de Bretton Woods a été abandonné dans les années 1970, le dollar américain avait déjà consolidé sa position de monnaie dominante à l’échelle internationale.
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Le recyclage des pétrodollars
Le « recyclage des pétrodollars » désigne le processus par lequel les pays exportateurs de pétrole, notamment ceux de la région du Golfe, investissent leurs surplus de revenus pétroliers à l’étranger.
La plupart de ces nations exportatrices ont des possibilités d’investissement limitées dans leur propre économie. Elles sont donc amenées à placer leurs excédents dans des économies développées, afin de préserver leur richesse et de générer des intérêts.
Ce phénomène a eu un impact significatif sur différentes économies et marchés financiers à travers le monde. Vous trouverez ci-dessous des exemples précis illustrant l’influence du recyclage des pétrodollars, en particulier grâce aux investissements des pays du Golfe dans des actifs occidentaux.
Fluctuations du prix du pétrole et effet d’entraînement mondial du recyclage des pétrodollars
Contexte
L’économie mondiale est fortement influencée par les variations du prix du pétrole. Pour les pays exportateurs de la région du Golfe, ces fluctuations peuvent générer d’importants excédents ou déficits budgétaires. Pendant les périodes de forte hausse des prix du pétrole (par exemple, au début des années 2000 jusqu’en 2008), les nations du Golfe ont engrangé des revenus considérables, aboutissant à d’énormes excédents budgétaires et à l’accumulation de réserves de change.
Inversement, lorsque les prix du pétrole chutent, comme ce fut le cas en 2008-2009, en 2014-2016, ou encore pendant la pandémie de COVID-19 en 2020, ces pays font face à des pressions budgétaires. La baisse brutale des recettes les oblige à adapter leurs politiques budgétaires et, parfois, à puiser dans leurs réserves accumulées.
Actions mises en œuvre
En période de prix élevés du pétrole :
- Accumulation d’excédents :
- Les pays du Golfe ont amassé d’énormes réserves de pétrodollars grâce à leurs importantes recettes liées aux exportations de pétrole.
- Ces fonds dépassant les capacités d’investissement intérieur, ils ont été placés à l’étranger.
- Investissements mondiaux :
- Les fonds souverains et les banques centrales de ces pays ont investi massivement dans les marchés financiers internationaux.
- Ces placements se sont étendus aux actions, aux obligations, à l’immobilier, aux infrastructures ou encore au capital-investissement, aux États-Unis, en Europe et en Asie.
- À titre d’exemple, l’Abu Dhabi Investment Authority et la Qatar Investment Authority ont considérablement élargi leurs portefeuilles mondiaux.
En période de bas prix du pétrole :
- Ajustements budgétaires :
- La baisse des revenus a entraîné des déficits budgétaires, obligeant les gouvernements à adopter des mesures d’austérité et à réduire leurs dépenses.
- Les dépenses essentielles ont été privilégiées tandis que certains projets jugés non prioritaires ont été reportés ou annulés.
- Liquidation d’actifs et réduction des investissements :
- Les pays du Golfe ont puisé dans leurs réserves en devises pour combler leurs déficits budgétaires.
- Ils ont ralenti leurs nouveaux investissements et, dans certains cas, cédé certains actifs.
- L’Arabie saoudite, par exemple, a vendu pour plus de 200 milliards de dollars d’actifs étrangers entre 2014 et 2016.
Conséquences
Impact sur les marchés financiers mondiaux :
- En période de prix élevés du pétrole :
- Liquidités accrues :
- L’afflux de pétrodollars sur les marchés mondiaux a fourni une liquidité importante.
- Cet afflux de capitaux a contribué à la hausse des prix d’actifs, à la baisse des rendements obligataires et à la bonne performance des marchés.
- Renforcement des liens financiers :
- Les investissements réalisés ont intensifié l’interdépendance économique entre les pays du Golfe et les pays bénéficiaires.
- Ils ont soutenu la croissance dans divers secteurs (finance, immobilier, technologie, infrastructures).
- En période de bas prix du pétrole :
- Pression sur les prix des actifs :
- Le retrait d’investissements et la vente d’actifs par les pays du Golfe ont exercé une pression à la baisse sur les prix des actifs.
- Les marchés ont connu un recul de la liquidité et une volatilité accrue.
- Inquiétudes économiques à l’échelle mondiale :
- La diminution du « recyclage » des pétrodollars a suscité des craintes quant aux lacunes de financement sur les marchés de capitaux internationaux.
- Elle a mis en évidence les vulnérabilités des pays et des secteurs dépendant fortement des investissements du Golfe.
- Pression sur les prix des actifs :
- Liquidités accrues :
Implications plus larges :
- Initiatives de diversification économique :
- La volatilité du marché a mis en évidence la nécessité pour les pays du Golfe de diversifier leurs économies.
- Des programmes tels que Vision 2030 en Arabie saoudite et Centennial 2071 aux Émirats arabes unis visent à réduire la dépendance au pétrole.
- Les efforts de diversification incluent des investissements dans les énergies renouvelables, le tourisme, la technologie et la fabrication.
- Évolution des stratégies d’investissement:
- Les fonds souverains ont commencé à rechercher des rendements plus élevés via des placements alternatifs.
- On a constaté un virage vers les marchés émergents, les investissements directs et les partenariats stratégiques.
- Stabilité financière mondiale :
- Le caractère cyclique des flux de pétrodollars influe sur les taux d’intérêt, les taux de change et la disponibilité des capitaux à l’échelle internationale.
- La stabilité des prix du pétrole est devenue cruciale, non seulement pour les marchés de l’énergie, mais aussi pour l’économie mondiale dans son ensemble.
Conclusion:
Les variations des prix du pétrole et les changements concomitants dans les investissements en pétrodollars des pays du Golfe ont des effets profonds sur les marchés financiers mondiaux. Lorsque les prix du pétrole sont élevés, les pétrodollars en excédent, recyclés sur les marchés internationaux, stimulent la croissance, accroissent la liquidité et renforcent les liens financiers.
En revanche, lorsque les prix chutent, la réduction de ces flux peut contribuer à accroître la volatilité et mettre en évidence l’interdépendance des économies mondiales. Comprendre cette dynamique est essentiel pour les décideurs politiques, les investisseurs et les institutions financières partout dans le monde. Cela souligne l’importance du recyclage des pétrodollars en tant que moteur des tendances économiques mondiales et la nécessité pour les pays exportateurs de pétrole de diversifier leurs économies.
L’effondrement du pétrodollar ?
Il est évident que le dollar américain domine la scène des « pétromonnaies », mais ces dernières années, il a fait face à plusieurs défis. Pour commencer, de nombreux pays producteurs de pétrole s’inquiètent de leur dépendance excessive vis-à-vis du pétrodollar, car les États-Unis ont utilisé ce système pour affirmer leur domination en politique étrangère.
Les sanctions américaines imposées à des pays tels que l’Iran ou le Venezuela illustrent les dangers de cette surdépendance. Déjà, certains pays producteurs de pétrole ont entamé des ventes de leur brut dans leur propre devise. En 2007, la Bourse de Dubaï pour les produits énergétiques (Dubai Mercantile Exchange, DME) a été créée dans le but précis de proposer un point de référence alternatif pour la cotation du prix du pétrole. Les intentions étaient claires, mais l’impact réel sur le pétrodollar est resté limité.
Cependant, la plus grande menace pour le pétrodollar réside peut-être dans l’essor potentiel du « pétroyuan ».
Au début de 2018, la Bourse internationale de l’énergie de Shanghai (Shanghai International Energy Exchange) a vu le jour, inaugurant l’ère du pétroyuan. Cette plateforme bénéficie progressivement des faveurs de pays qui plaident pour la dé-dollarisation des marchés pétroliers. Parmi eux figurent le Venezuela, la Russie, la Corée du Nord ou encore l’Iran ; autant de nations qui ont subi le mauvais côté des sanctions américaines.
D’autres pays tels que l’Irak, la Syrie, la Libye et le Yémen ont également été confrontés à l’ingérence politique des États-Unis, laquelle a contribué à leur déstabilisation. Ils ne verraient sans doute pas d’un mauvais œil une initiative les éloignant de la tutelle du dollar. De son côté, la Chine s’est fait connaître pour sa politique étrangère de non-ingérence politique, un point susceptible de séduire certains producteurs de pétrole.
Un cas récent de sanctions américaines est celui visant la Russie en 2022. Engagée dans un conflit militaire avec l’Ukraine, la Russie a vu les États-Unis multiplier les sanctions. En réaction, le pays s’est rapproché davantage de la Chine. Grande fournisseuse de pétrole en Europe, la Russie a déjà commencé à recevoir ses paiements en monnaie locale.
Le renforcement des relations entre Moscou et Pékin confère un élan supplémentaire au pétroyuan dans sa lutte contre le pétrodollar. L’Arabie saoudite a d’ailleurs exprimé sa volonté de coter au moins une partie de son pétrole dans des monnaies autres que le dollar. Jusqu’ici alliée de premier plan des États-Unis, l’Arabie saoudite a récemment commencé à acheter des armes auprès de la Russie. De tels mouvements n’augurent rien de positif pour l’avenir du pétrodollar, car la dé-dollarisation de l’Arabie saoudite pourrait encourager d’autres pays producteurs de pétrole à « s’émanciper » à leur tour de l’hégémonie du billet vert.
L’Impact du pétrodollar
Le système du pétrodollar a propulsé le dollar américain au rang de devise la plus dominante dans l’économie mondiale. Le pétrole est la matière première la plus importante sur les marchés internationaux, plaçant ainsi les États-Unis comme acteur clé et incontournable de l’économie globale. Grâce à ce système, le pays peut maintenir de manière quasi continue des déficits commerciaux ainsi qu’un afflux important de capitaux d’investissement, via le recyclage des pétrodollars. Les États-Unis sont également en mesure de financer leurs déficits budgétaires grâce à des instruments financiers à faible taux d’intérêt, d’où l’importance évidente du pétrodollar pour l’économie américaine.
Néanmoins, les déficits comportent aussi certains défis. L’économie mondiale étant en croissance constante, les États-Unis doivent perpétuellement accepter ces déficits afin d’éviter toute potentielle stagnation. Toutefois, maintenir des déficits élève le risque d’un affaiblissement éventuel de la valeur du dollar.
Mot de la fin
Le système du pétrodollar a joué un rôle prépondérant dans les marchés pétroliers internationaux et a, en conséquence, renforcé et conforté l’influence du dollar américain. Son avenir dépend toutefois des relations que les États-Unis entretiennent avec les grands producteurs de pétrole, comme la Russie ou l’Arabie saoudite, ainsi qu’avec les grands consommateurs tels que la Chine.
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FAQ
- Qu’est-ce que le pétrodollar ?
Les pétrodollars sont des dollars américains utilisés pour acheter du pétrole brut.
- Qu’est-ce que le recyclage des pétrodollars ?
Le recyclage des pétrodollars consiste pour les pays producteurs de pétrole à investir leurs excédents de pétrodollars à travers le monde.